Ludivine Loncle, coprésidente de Profession: Pigiste, « Les pigistes ont du talent ! »

L’association Profession : pigiste organise chaque année les 48h de la pige. Cette année, cet événement se déroule à Rennes les 29 et 30 juin, en partenariat avec le Club de la Presse de Bretagne.

Quels sont les objectifs des 48h de la pige ?
Ludivine Loncle : C’est LE rendez-vous annuel des pigistes. Cette année, nous en sommes à la 7e édition. L’idée, c’est vraiment d’aller à la rencontre des pigistes qui sont partout en France. Et c’est un succès : il y a des pigistes qui reviennent tous les ans. Quand on est pigiste on travaille souvent seul-e et on se sent parfois isolé-e: là, on vient rencontrer les autres, obtenir des conseils pratiques, parler de l’avenir. C’est un réseau d’entraide énorme, ça permet de rompre avec l’isolement. C’est aussi l’occasion de créer du réseau. Quand on en repart, on est redynamisé, on a fait le plein de vitamines !

Quels seront temps forts cette année, à Rennes ?
Ludivine Loncle : Il y en a plusieurs. Le premier consistera en une rencontre avec des rédacteurs et des rédactrices-en-chef de plusieurs grands médias en presse écrite, télé et radio. Nous l’avions lancée l’an dernier et ça avait très bien marché. Cette année, c’est le tour de Arte, Causette, Mediacités, Mediapart ou Les Jours, qui interviendront lors d’une réunion plénière le vendredi matin. Ensuite, les pigistes pourront choisir un atelier synopsis avec la rédaction qui les intéresse. Il y aura aussi un prix, le Tremplin des 48h, où les pigistes peuvent proposer des synopsis qui leur tiennent à cœur. L’an dernier, par exemple, Mediapart en avait pris deux. Le deuxième temps fort, c’est une réunion avec les syndicats sur les droits des pigistes. Et puis, comme tous les ans, nous proposons de nombreux ateliers pratiques : bien vendre ses piges, obtenir sa carte de presse, négocier les tarifs de ses piges, le pigiste face à la Justice, etc. Ces différents ateliers sont une sorte de grande boite à outils pour les pigistes. Plus globalement, le leitmotiv de ces 48h, c’est vraiment de mettre en valeur le fait que les pigistes ont du talent et qu’ils peuvent être très enrichissants pour les rédactions.

La situation actuelle des pigistes en France est pourtant bien fragile…
Ludivine Loncle : Oui, le métier de journaliste se précarise énormément. De plus en plus de journalistes se tournent aujourd’hui vers la pige, avec un éclatement des modes de rémunération: c’est d’ailleurs l’objet des travaux de la sociologue Cégolène Frisque. Elle sera présente aux 48H de la Pige pour nous en parler. P​arallèlement, ce qui change aujourd’hui, c’est que beaucoup de journalistes deviennent pigistes par choix. Un CDI ne fait plus forcément rêver : la pige permet de ne jamais faire la même chose, de travailler pour différents supports, notamment pour des médias innovants. C’est très stimulant.  Aujourd’hui, avec Internet, c’est aussi plus facile qu’avant d’être pigiste : tu peux presque travailler de n’importe où, pour n’importe quel média. Le but des 48h, ce n’est donc pas de se victimiser, nous souhaitons mettre en valeur notre travail.

Propos recueillis par Anna Quéré

 

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