Samedi 27 février, le Club de la Presse de Bretagne et la Ligue des droits de l’homme ont organisé, à Quimper, un débat avec des parlementaires, un avocat et un journaliste sur le thème «État d’urgence généralisé, démocratie en danger». Retransmis sur zoom et en Facebook-live, il a permis aux internautes connectés et à la trentaine de personnes présentes de mieux cerner les enjeux de la proposition de loi «Sécurité globale» qui va être discutée au Sénat.
«La société imaginée par Georges Orwell, dans 1984, est en train de devenir réalité et la proposition de loi sur la« Sécurité globale »nous y amène à grande vitesse » a d’emblée déclaré Arié Alimi, avocat au barreau de Paris et membre du bureau national de la Ligue des droits de l’homme.
Une position que conteste le député Modem de la huitième circonscription du Finistère (Quimperlé-Concarneau). Selon Erwan Balanant, «l’incompréhension vis à vis du continuum de sécurité», prôné par Alice Thourot (députée de la Drôme) et Jean-Michel Fauvergue (député de Seine-et-Marne) conduit «à mal interpréter un texte dont la finalité est avant tout la sécurisation des forces de l’ordre ».
Un texte que les sénateurs ont néanmoins jugé «particulièrement mal écrit» et qui, selon le sénateur centriste du Finistère, Michel Canévet, «devra être réécrit avec pour objectifs de concilier protection des policiers et respect de la liberté de la presse, une liberté incontestable dans toute société démocratique ». Une liberté que tous les participants à cette table ronde ont reconnu comme «essentielle».

Journaliste en PQR (presse quotidienne régionale) et élu à la commission de la carte, Olivier Scaglia, considère que «l’interdiction de diffuser des images est une nouvelle attaque du gouvernement contre les journalistes et révèle une méconnaissance profonde de cette profession dont les acteurs sont amenés à travailler sur des supports de plus en plus de propices à une diffusion quasi instantanée ».
D’où la question, à laquelle n’ont pas répondu les intervenants, d’actualiser (ou non) la loi sur la presse de 1881. Une loi qui, selon le coprésident du Club de la presse de Bretagne et animateur de cette table ronde, Stéphane de Vendeuvre, a été malmenée par plusieurs textes législatifs, tels que la loi sur le secret des affaires du 30 juillet 2018, la loi contre la manipulation de l’information, du 22 décembre 2018 ou encore la loi contre les contenus haineux sur internet, du 24 juin 2020. Autant de textes qui viennent restreindre la capacité des journalistes à exercer librement leur métier; sans qu’il soit besoin qu’un nouveau texte liberticide complique davantage la donne.
Retrouvez :
– l’interview sur l’antenne de RCF 29 dans le journal du 25 février
– le replay du débat du 27 février.