Pour son édition 2021, Objectif plume a décerné son prix à Manon Le Charpentier pour son article « De l’électricité dans l’herbe, enquête sur des élevages en souffrance« , publié en janvier 2021 par Médiapart.
Trois questions à Manon Le Charpentier, lauréate
Comment avez-vous choisi le thème de votre enquête ?
– Il s’est imposé à moi ! En 2019, je travaillais comme JRI pour la Quotidienne de France 5. Ma rédactrice en chef m’a proposé de faire un sujet sur l’éolien, en m’orientant vers un agriculteur de Nozay (44) qui avait déjà fait l’objet de reportages locaux et nationaux.
J’étais très réticente car il n’y avait aucune étude scientifique permettant d’établir un lien direct entre la présence d’éoliennes et la production laitière des troupeaux élevés à proximité. Mais en allant sur le terrain, à la rencontre des professionnels, j’ai constaté qu’il y avait de gros indices de nuisances causées par ces engins sur le comportement des troupeaux.
Après mon reportage, j’ai continué à rassembler des informations, des rapports, des témoignages qui allaient tous dans le même sens. J’ai réalisé qu’il existait des dizaines de cas similaires à proximité de divers équipements électriques et que ces nuisances étaient évoquées depuis plus de trente ans dans le monde agricole, sans que des études scientifiques poussées n’aient été réalisées.
Comment votre enquête a-t-elle été accueillie par la rédaction de Médiapart ?
– J’avais choisi de passer de la vidéo à l’écrit, car le papier est moins contraignant (moins de matériel, pas de montage…). Je me suis rapprochée de Disclose, où j’ai rencontré Inès Léraud qui m’a conseillée de proposer mon sujet à Médiapart, plus proche de sa ligne éditoriale. Il m’a fallu pas mal de persévérance mais quand j’ai rencontré la rédaction, le sujet les a emballés et ils ont tout de suite accepté mon traitement du sujet. J’ai trouvé génial de pouvoir écrire un long papier accompagné de carte et de photos, ce qui rend encore plus fort le sujet.
Quels sont vos nouveaux projets ?
– Je suis revenue en Bretagne juste avant le premier confinement, ce qui m’a donné le temps de rédiger mon enquête. Grâce à mon expérience antérieure, je continue à faire des piges pour France 3 et aussi d’autres médias.
Je cherche à trouver un équilibre entre les sujets d’actualité chaude et des projets plus fouillés. Avec toujours le plaisir d’exercer un métier de passion.