[Retour sur] Le Club défend la presse, les journalistes ne sont pas des cibles

Le Club de la Presse de Bretagne défend la liberté de la presse, dans les faits cela se traduit par la capacité des journalistes d’exercer dans de saines conditions leur métier. Depuis 2015, le Club reste vigilant au libre exercice de cette profession, sous le mot d’ordre :

La liberté d’information est un droit, les journalistes ne sont pas des cibles.

Les manifestations sont un terrain difficile où les tensions sont fortes, les journalistes peuvent y être la cible de violences venant des militants comme des forces de l’ordre. Le mouvement social du printemps 2016 contre le projet de loi travail en a été l’incarnation.

Le Club de la Presse a initié dès le printemps 2015 une rencontre informelle entre représentants des forces de l’ordre et journalistes pour anticiper et éviter ces tensions, liées aux manifestations.

Un an plus tard, en 2016, le mouvement social opposé à la loi travail bat le pavé dès le mois de mars, à Rennes comme dans de nombreuses villes françaises. A nouveau, les tensions sont là, des journalistes sont pris à partie dans l’exercice de leurs fonctions, tant par certains manifestants que par les forces de l’ordre.

Mi-avril une réunion entre professionnels de la presse se déroule dans les locaux du Club, dressant un constat clair : les journalistes sont devenus des cibles.
Rendez-vous sont pris avec l’inter-syndicale d’un côté, la préfecture de l’autre; et le Club de la Presse publie fin avril le communiqué :  »les journalistes ne sont pas des cibles ».

Pas de quoi apaiser significativement la situation. A chaque manifestation, de nouvelles altercations sont relevées.

Fin mai, la façades des rédactions de Ouest-France à Rennes et Nantes sont recouvertes de peinture et de tags. Le Club de la Presse de Bretagne condamne avec la plus grande fermeté ces agissements et assure de tout son soutien les journalistes victimes de ces violences, d’où qu’elles viennent.

L’escalade se poursuit jusqu’en juin. Le jeudi 2 juin 2016, alors que des manifestants viennent d’être évacués de la rocade de Rennes, les forces de l’ordre frappent des journalistes. La vidéo de collègues rudoyés fera la Une des JT. Les quatre journalistes directement pris à partie relateront dans un témoignage complet, publié quelques jours plus tard le site web du Club, ce qu’il s’est produit ce jour-là.

 

Le soir de l’altercation, le Club de la Presse de Bretagne saisit le Défenseur des droits, institution de l’État indépendante dont la mission consiste à « défendre les personnes dont les droits n’ont pas été respectés ». Ici, c’est le droit d’informer qui est délibérément attaqué.

Le lundi, le ministre de l’Intérieur reçoit le Club de la Presse ainsi que six membres de l’intersyndicale des journalistes (SNJ, CGT SNJ, CFDT et FIJ). Durant cette entrevue qui aura duré une heure et demi, le ministre a fait preuve d’écoute, tout en réfutant fermement l’existence de consignes visant à cibler les journalistes. Sur ce point, le dialogue s’est révélé tendu, les représentants des journalistes soulignant de manière unanime une réelle dégradation des conditions de travail. Reconnaissant l’existence d’un « climat de violence accrue », Bernard Cazeneuve a tenu à rappeler le contexte particulier de l’état d’urgence et les difficultés rencontrées par les forces de l’ordre dans l’exercice de leurs missions, confrontées à une baisse sensible d’effectifs. Il a toutefois condamné sans réserve toutes les formes de violence, et exhorte les journalistes victimes de ce type d’agissement à porter plainte.

Le 8 juin, deux jours après cet entretien, quinze clubs de la presse ainsi que deux sociétés de journalistes publient une tribune commune pour réaffirmer leurs inquiétudes faces à ces violences gratuites, répétées qui sont inadmissibles.

Le 13 juin, la députée PS Marie-Anne Chapdelaine a souhaité rencontré le Club de la Presse afin de faire le point sur la situation. La députée s’est montrée préoccupée, soulignant volontiers l’existence de dérives au sein même d’un régime démocratique. L’élue a par ailleurs abordé la question du statut du journaliste professionnel, évoquant, à raison, la présence en manifestation de « journalistes auto-proclamés ». Les représentants du Club ont rappelé les difficultés d’obtention de la carte de presse ainsi que l’existence d’une « zone grise » dans laquelle se trouvent notamment de nombreux photographes dont le comportement professionnel sur le terrain est reconnu par leurs pairs.

En septembre 2016, le Défenseur des droits a contacté le Club de la Presse quant à la saisine effectuée en juin 2016. Pas de nouvelle depuis.
Deux des journalistes qui ont été frappés le 2 juin 2016 ont porté plainte. Les deux plaintes ont été classées sans suite.

En mai 2017, Amnesty International publie un rapport sur les conséquences de l’état d’urgence : « France : le droit de manifester menacé ». Le Club de la Presse de Bretagne y est cité en page 41. Extrait : « Plusieurs syndicats ont condamné le fait que (…) des professionnels des médias soient pris pour cibles, notamment après que certains d’entre eux ont été soumis à l’usage arbitraire de la force le 2 juin à Rennes. (…) »