Une double page dans le journal et des formats multiples sur le site: l’enquête d’Ouest-France sur les féminicides a été marquante. Jennifer Chainay, 32 ans, qui en a été la cheville ouvrière, répond à nos questions.
Comment avez-vous travaillé?
« Pendant un an, j’ai pu réaliser une veille sur les féminicides-meurtre d’une femme ou d’une fille en raison de sa condition féminine en France et outre-mer, en me concentrant sur la sphère conjugale. 104 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex conjoint en 2022.
Ensuite, je suis entrée en contact avec des familles de victimes pour entendre leur histoire. Et pour que leur sœur, leur mère, leur fille ne soit pas seulement un fait divers. »
Un choix assumé par la rédaction?
« Oui, un vrai choix éditorial, un engagement du journal, une décision commune appuyée par la rédaction en chef et nourrie des échanges au sein du réseau Egalité chez les journalistes. Le service infographie et la cellule data du journal ont contribué à la réalisation du projet.
Nos sources principales sont les associations , notamment #NousToutes, la presse, la sphère politique et les militants. Le ministère de l’Intérieur établit, lui aussi, un comptage de ces morts violentes. »
Avez-vous pu recueillir des témoignages?
« Nous avons essayé d’entrer en contact avec des proches des victimes. Après ces échanges chargés d’émotion, certains ont accepté de parler, comme la famille de Julie Rubod , tuée dans l’Isère, ou celle de Laetitia Savary, tuée à Domagné (Ille et Vilaine). Après la publication de l’enquête, nous avons reçu des messages de proches de victimes et de nombreux retours de confrères journalistes. Il est important que nous rendions compte des faits et des histoires de ces femmes. »
Propos recueillis par Paul Goupil
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