La fiction, un outil à prendre au sérieux
Illustration : Louise Blandy / Ouest-France
Mi-août , Dimanche Ouest-France a publié un récit intitulé « Une douche de trois minutes tous les trois jours » : la vie imaginée d’une Nantaise en 2048 ».
Trois questions à son auteure, Agnès Clermont, journaliste.
En cette époque de perte de confiance dans les médias, de prolifération de fake news, une telle fiction est-elle encore du journalisme ?
« Je travaille depuis longtemps sur les sujets liés à l’environnement et au réchauffement climatique. J’ai été très marquée par la sécheresse de l’été 2022. Pour moi, il faut débloquer l’imaginaire du lecteur pour que nos contemporains puissent s’inscrire dans la trajectoire bas carbone et imaginer une nouvelle société soutenable. Mon article repose bien sur une démarche journalistique car je me suis longuement documentée et j’ai bâti mon scénario avec l’aide de quatre experts : Simon Lery (Gip Loire-Estuaire), l’Agence Loire-Bretagne, Mickaël Derangeon (vice-président de la compagnie des eaux Atlantic’eau et chercheur à l’université de Nantes) et Damien Serre (directeur scientifique du centre de recherche français Mayane, professeur d’université). Il y a de l’information à chaque ligne, toutes confirmées par de nombreuses relectures croisées. Emma Haziza, hydrologue et spécialiste de l’adaptation au changement climatique a également validé mon papier avant publication. »
Votre démarche a-t-elle suscité des interrogations au sein de la rédaction ?
« Publié dans l’édition régionale des Pays de la Loire et sur le web, le récit est resté plusieurs heures en premier sujet.
Dans la rédaction, le débat a porté aussi sur la différence entre fiction et actualité. L’accord s’est fait sur l’impact positif de cette forme de récit pour tous les sujets liés au réchauffement climatique.
La question s’est aussi posée de savoir si mon scénario n‘était pas trop noir. Le journal a signé en avril une Charte environnementale dans laquelle les journalistes s’engagent à ne pas diffuser des messages trop pessimistes pour ne pas décourager le public. »
Votre récit aura-t-il une suite ?
« Il a servi de test. Rien n’est programmé pour l’instant
J’ai eu des retours très positifs, tant sur le web (où l’article et publié dans sa version longue) que pour l’édition papier, ce qui m’encourage à continuer.
Ce type d’exercice est, à mon avis, une bonne gymnastique, un coup d’avance sur l’agenda du jour. Car demain, c’est déjà aujourd’hui ! »
Propos recueillis par Clotilde Chéron
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