Le baromètre de la confiance dans les médias
commenté par François-Xavier Lefranc (Ouest-France) “Le journalisme, c’est du temps, de l’écoute”
Les Français se sont fortement intéressés à l’actualité en 2022 mais une partie d’entre eux ressent de la lassitude face au flux médiatique, indique le Baromètre de la confiance Kantar Public-Onepoint pour “La Croix”. Nous avons demandé au directeur des rédactions du groupe Ouest-France, François-Xavier Lefranc, de commenter cette enquête.
« L’enquête de La Croix montre qu’un Français sur deux ressent de la fatigue ou de la lassitude face à l’actualité, en particulier les femmes et les plus jeunes. Une explication est que trop de médias se focalisent sur ce qui est anxiogène, alors que beaucoup de lecteurs préfèrent voir ce qui marche. Or l’audience est souvent liée à ce qui surprend, ce qui va faire du bruit, ou choquer. Mais le risque pour nous journalistes, si nous ne faisons pas l’effort de la retenue, c’est de devenir aveugles à ce qui se fait, se construit sur le terrain. Notre travail, c’est de valoriser les initiatives, les manières de vivre autrement, notamment avec l’urgence écologique. »
« La confiance se mérite. Notre profession doit se remettre en cause, moins survoler les choses, traiter les vrais sujets. Cela suppose de prêter attention aux questions qui préoccupent les citoyens. Par exemple, la suppression du timbre rouge par la Poste a été le révélateur d’une distance entre les décideurs et une partie de la population. »
« Retenons la leçon des Gilets jaunes. Écoutons ceux qui travaillent dans le secteur santé, ou dans les métiers manuels. Plus largement, prêtons attention à l’avenir de la démocratie, un acquis fragile. N’ayons pas peur du débat sur les questions de société ( écologie, fin de vie..). Dans les rédactions, écoutons les jeunes journalistes (230 embauchés en sept ans à Ouest-France). »
« Bien sûr, nous avons besoin d’audience; l’information en direct en est le ressort. Mais les abonnements, pilier de notre économie, sont liés à la crédibilité , au travail d’approfondissement que font les journalistes. Nous cherchons à distinguer le temps “chaud” et le temps long. Ce qui fait la différence, c’est la présence sur le terrain. Voyez la situation américaine , où la presse locale disparaît de certaines régions. La démocratie en fait les frais. »
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