En sciences, un homme vaut (presque) deux femmes
Jeudi 11 mars à 18h, Rennes 1 organise une projection en ligne du film « Picture a scientist »*. Ce documentaire multi-primé donne la parole à plusieurs femmes scientifiques qui se confient sur leur parcours professionnel, gangréné par le harcèlement et les discriminations.
Il sera suivi d’un débat co-animé par Nicoletta Tchou, mathématicienne, vice-présidente responsabilité sociale de l’Université de Rennes 1 en charge de l’égalité et lutte contre les discriminations, et Joanna Robic, Cheffe de projet communication et membre du bureau du Club de la presse.
Trois questions à Nicoletta Tchou
A l’Université Rennes 1, l’indice d’ « avantage masculin », qui mesure les chances de promotion parmi les enseignants chercheurs selon leur sexe, s’élève à 1,81, et l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes est de 854€ mensuels. Comment peut-on expliquer cette situation que l’on retrouve dans tout l’enseignement supérieur ?
– Ces chiffres ne sont pas seulement dus à la faible proportion de femmes dans certaines disciplines comme l’informatique ou les maths, mais à d’autres ressorts propres au fonctionnement de la communauté scientifique. On se heurte à une forme de non-identification des femmes à une carrière scientifique. Qui peut citer spontanément Maryam Mirzakhani, médaille Fields 2014, l’équivalent du prix Nobel pour les maths, au même titre que Cédric Villani (médaille Fields 2010) ?
Le monde scientifique ne reconnaît pas de façon directe qu’une femme atteint le même degré de compétence et on se heurte à des stéréotypes dans les recrutements au sein d’une communauté très masculinisée.
Des études de genre menées, notamment aux Etats-Unis, ont démontré qu’à critères identiques, les postes proposés aux femmes sont moins payés et leurs compétences moins bien évaluées. Ce qu’on retrouve dans les chiffres que vous citez !
Est-ce la raison de leur faible présence dans les médias ?
– N’étant pas spécialiste des médias je vais me référer au dernier rapport du CSA. La part des femmes présentes à l’antenne – télévision et radio confondues –se stabilise à 41% (par rapport à 2019), avec une évolution un peu plus nette de la part des télévisions (43 % soit +1 point par rapport à 2019). Le temps de parole des femmes à l’antenne, mesuré automatiquement par l’INA, est stable (35%), ce qui laisse supposer qu’à présence égale, les femmes s’expriment toujours moins que les hommes.
Le taux d’expertes continue de progresser (41 %, soit +3 points par rapport à 2019 et +11 points par rapport à 2016). Des bons résultats à porter au crédit du service public à la télévision et du secteur privé à la radio.
Le taux d’invitées politiques présente une légère baisse en 2020 (31% soit -2 points par rapport à 2019), en raison des nombreuses interventions de représentants masculins du gouvernement, dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire. Toutefois, pendant la campagne pour les élections municipales, le taux d’intervention de femmes politiques dans les médias audiovisuels est monté à 45 %.”
Quelles bonnes pratiques peuvent être mises en œuvre par les institutions scientifiques et par les médias ?
– Le vocabulaire utilisé pour les noms de métier est un premier marqueur. Parler de professeure, de chercheuse, de docteure etc. Il faut aussi une communication plus forte dans les établissements de formation, notamment l’université, pour rendre visibles les carrières de femmes. Cela peut être le cas, par exemple, lors de la remise de prix comme le Doctorat honoris causa qui prime leur carrière. Rennes 1 a aussi donné le nom de Maryam Mirzakhani à un amphithéâtre. Ce sont des exemples d’initiatives qui ont été reprises par les médias. Mais cette démarche doit s’appliquer à différents niveaux de carrière, lorsqu’une jeune femme est major de sa promotion ou obtient une bourse d’études dans un laboratoire …
Il ne faut pas non plus négliger les actions menées en matière de choix d’orientation. Dès le collège, il faut donner à chacun la faculté de progresser dans son choix de carrière quelle que soit cette carrière. Personne n’est obligé de faire un choix spécifique ni d’être coincé dans un idéal qui n’est pas le sien.
Recueilli par Clotilde Chéron.
*Evénement gratuit sur inscription : www.billetweb.fr/lutter-contre-les-discriminations-et-les-inegalites-dans-le-monde-des-sciences
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