« Bretagne secondaire »: Benjamin Keltz a arpenté le pays des volets fermés

Maisons fermées, rues vides, jardins en friche…

Une cinquantaine de communes bretonnes comptent désormais davantage de maisons de vacances que d’habitations principales. Depuis les années 2000, des géographes s’alarment de ce phénomène qui crée « les recalés du bord de mer », jeunes actifs et plusmodestes. Mais si le territoire hiberne, les écoles se vident, les boulangeries ferment, la population vieillit, le tissu économique se contracte. Et si la main d’œuvre manque à l’appel, c’est en partie parce qu’elle ne trouve pas à se loger.

En arpentant le terrain -il a lui-même compris que le front de mer ne serait pas pour lui- Benjamin Keltz a cerné les ressorts de cette « boulimie immobilière qui sape le vivre ensemble ». Alors , la colère gronde. Elle s’est exprimée au tribunal de Lorient où de Bellilois sont venus soutenir l’un des leurs, convoqué pour avoir squatté une maison inoccupée. Les témoignages recueillis par B. Keltz constitue un nouveau cahier de doléances.Mais que peuvent les élus ? Le maire de l’île de Batz tente de convaincre les propriétaires de loger des jeunes ménages plutôt que des touristes. Et qu’on n’accuse pas les « Parisiens »: 43% des détenteurs de biens secondaires habitent la Bretagne. Ecoutons Philippe Le Bérigot, maire de l’Ile-aux-Moines: « Les insulaires ont leur part de responsabilité. Quand Mémé décède, il y en a toujours un qui a une bonne raison de vendre plus cher à un résident secondaire. »

La guerre des places ne fait sans doute que commencer.

« Bretagne secondaire » Un récit de Benjamin Keltz illustrépar Joëlle Bocel. Les éditions du Coin de la rue.

Paul Goupil