L'impact du prix du papier sur la presse en Bretagne, deuxième partie
La presse papier n'est pas épargnée par l'inflation depuis plusieurs années. Éclairage de la situation à l'échelle bretonne, deuxième et dernière partie.
« Ça fait 20 ans qu'on perd 10% de volumes imprimés tous les ans, et pourtant les médias papier restent » tempère Christophe Dudit, directeur du groupe Cloître, implanté à Saint-Thonan (Finistère). « Les fortes augmentations de prix dues au Covid ont eu un effet dramatique car ça a accéléré la numérisation des supports. Le papier est devenu plus rare donc plus cher. Après nous n'avons pas eu de soucis pour se fournir en papier parce qu'on a la chance d'avoir une bonne trésorerie et de la place pour stocker, on a pu anticiper. »
Cloître imprime entre autres titres les magazines Bikini et ArMen. Erwan Chartier-Le Floch (Le Poher) vient de prendre la direction de ce dernier. « Cloître est notre imprimeur depuis le premier numéro » rappelle-t-il, « c'est un choix d'imprimer en local ». Même expérience pour Julien Marchand, directeur de Bikini. « Ce sont des gens avec qui on a l'habitude de travailler » abonde Christophe Dudit. « Quand on a envie de travailler ensemble on trouve toujours des solutions, même si ça n'a pas toujours été simple. C'est la même chose avec mon papetier. Je sais qu'aujourd'hui je paie son papier plus cher, mais je suis content qu'il puisse en vivre et que mes clients paient pour du papier de qualité ».
Comme 250 éditeurs de presse, Le Télégramme et Ouest France se fournissent en papier auprès de la coopérative Gramméo. « Comme on est chez eux depuis plus de 50 ans, leurs prix d'achat groupés sont intégrés dans notre modèle économique » déclare Ronan Leclercq, directeur général de la branche médias du groupe Télégramme. En effet la force de Gramméo est de pouvoir acheter des volumes « plus importants et plus réguliers aux fournisseurs, ce qui les intéresse » explique son directeur général Olivier Derville auprès de La revue des médias. Ouest France passe également par Gramméo pour une partie de son papier. « On fait aussi appel à d'autres papetiers en direct » éclaire Maud Lévrier, membre du directoire. « On discute en fonction des cours, des offres qui nous sont faites, et de la qualité du papier. Il faut qu'il soit compatible avec nos machines ».
Le groupe Télégramme a investi dans une nouvelle rotative il y a maintenant trois ans. « C'est quand même un pari sur l'avenir assez fort » commente Ronan Leclercq. « Faire imprimer loin nous empêche de livrer le journal tous les matins avant 7h, avant que les gens partent au travail ». Pour Le Poher, aussi imprimé par ce groupe, c'est une garantie de tranquillité.
La presse papier évolue mais n'est pas voué à disparaître. « On aurait pu croire que la complémentarité print et web n'était qu'un beau discours, mais en réalité c'est un succès » se réjouit Maud Lévrier. « On ne compte pas désinvestir le papier, bien au contraire. » Ronan Leclercq partage sa conviction. « Je ne pense pas que le numérique remplacera tout, c'est un complément ».
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