Mortaza, un Breton pas tout-à-fait comme les autres
Dimanche a eu lieu à Douarnenez une mobilisation réclamant la libération immédiate de Mortaza Behboudi, journaliste franco-afghan, au 100ème jour de son arrestation par les autorités afghanes.
Mortaza Behboudi est né à Kaboul en 1994. Sa famille, qui appartient à la minorité Hazara, durement persécutée en Afghanistan, fuit en Iran après la première prise du pouvoir par les Talibans, en 1996. Mortaza y travaille dès ses 9 ans dans une usine de briques, puis dans une manufacture de tapis. Le soulèvement vert, après les élections contestées de 2009, lui offre l’occasion d’affiner son regard. Il sera arrêté à l’âge de 15 ans par les gardiens de la Révolution.
De retour dans son pays natal, à 17 ans, il voit rapidement les limites de l’exercice du métier de reporter. Il se réfugie en France, où il vit un moment dans la rue, avant d’être accueilli par la Maison des journalistes. Très vite, il apprend le français et reprend ses études à la Sorbonne. Au fil des années, il va collaborer avec de nombreux médias : Médiapart, Ouest-France, Libération, Arte, France Télévisions, TV5 Monde, Radio France, etc.
Mortaza arrive pour la première fois à Douarnenez, en 2016, lors du Festival de cinéma. Il s’y crée de nombreux liens dont l’association Rhizomes, pour qui il anime régulièrement des ateliers avec les scolaires, à la fois sur le journalisme et sur la condition d’exilé. En 2020, il décide de rejoindre le camp de Lesbos en Grèce, pour raconter l’histoire de ces milliers de réfugiés qui y sont consignés.
Breton d’adoption, il obtient la nationalité française en 2020. Ses reportages le conduisent ensuite en Iran, au Groenland, ou en Grèce, pour rendre compte de l’évolution des conditions de vie dans les camps de réfugiés. Depuis le retour des Talibans au pouvoir, Mortaza retourne souvent en Afghanistan, pour accompagner des journalistes français en tant que fixeur, ou pour ses propres reportages, qui lui ont valu d’être récompensé en 2022 par le prix Bayeux des correspondants de guerre et le prix Varenne de la presse quotidienne nationale.
Il a été arrêté le 7 janvier 2023, alors qu’il s’apprêtait à récupérer son accréditation presse à Kaboul. Ne pouvant présenter celle-ci, il aurait été accusé d’espionnage. Ce n’est pas la première tentative d’intimidation à son encontre, mais pour Mortaza, la nécessité d’informer est toujours passée avant tout.
Aujourd’hui, l’ensemble des médias français sont mobilisés pour exiger sa libération immédiate. Mortaza doit pouvoir continuer à nous informer, et nous avons hâte de retrouver, entre deux reportages, sa bonne humeur communicative, celle qui lui a permis de se faire tant d’amis, en Bretagne et ailleurs.
C’est pourquoi nous demandons aux autorités françaises de tout mettre en oeuvre pour obtenir la libération de Mortaza Behboudi le plus vite possible.
Merci au comité de soutien de Douarnenez qui nous a fourni ces informations.
Clotilde Chéron
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