Presse locale

Revues, radios, télés… Le breton vit toujours dans les médias

Ils s’appellent France 3 Bretagne, Radio Kreiz Breizh, Bremañ ou Brezhoweb. Tous ces médias sont un peu, beaucoup ou passionnément bretons. Certains proposent quelques programmes dans la langue régionale. D’autres sont bilingues (français-breton), trilingues (français-gallo-breton) ou unilingues, comme l’hebdo associatif Ya ! (« Oui ! », en breton). Leur défi : continuer à faire vivre le breton, alors que les locuteurs et locutrices se font plus rares, selon l’étude sociolinguistique 2024 de l’institut TMO.

« Si le nombre de locuteurs et locutrices baisse, il rajeunit, contrairement aux idées reçues. C’est pourquoi, chez Ya !, on développe une proposition plus moderne pour toucher un public plus jeune », explique Nikolaz Gourvenneg, coordinateur du journal qui compte 1 100 abonnés papier (en baisse) et 200 abonnés numériques (en hausse). « Dès mon arrivée en 2020, j’ai voulu créer un site et un compte Instagram, pour donner plus de visibilité au journal. »

Moderniser l’éditorial, attirer les jeunes

Mais ce n’est pas tout : « Pour se moderniser, on s’est demandé : qu’aimerait-on lire ? Comment rafraîchir le journal ? » Alors, les thématiques abordées ont été renouvelées.

« Ce sont ces sujets qui permettent au journal de perdurer, même si la langue reste en danger. On traite des thèmes qui préoccupent les jeunes générations, comme le féminisme ou l’écologie. » Et cela fonctionne : « On reçoit des messages qui nous disent : “Enfin, on parle de ces sujets en breton !” Si on a perdu des abonnés du fait de leur âge, on en a gagné de plus jeunes. »

Nikolaz cite aussi le média bilingue d’investigation Splann !, ou encore les reportages en breton de France 3 Bretagne et des radios locales : « Tous sont dans l’air du temps, et la manière dont l’actualité est traitée dans ces médias illustre une langue bretonne qui continue de vivre. »

La proximité avec le public

« Même si nous sommes minoritaires dans le paysage, il existe une belle diversité de médias en langue bretonne, avec une création originale et de nouveaux formats (podcast, web TV) qui émergent. » Ces mots sont ceux d’Enora Molac, ancienne animatrice à Radio Bro Gwened, aujourd’hui journaliste chargée des programmes en breton à Radio Boa. Une radio associative trilingue créée par quinze autres radios pour diffuser leurs programmes sur une seule et même onde en DAB+, tout en produisant des contenus originaux made in Boa. Dans cette radio, on aborde les transitions sociales, environnementales et culturelles.

Enora distingue deux types de publics : « Les personnes fidèles à la langue bretonne, et les apprenants et apprenantes. En étant bilingue, on capte un auditoire grâce à nos programmes en français et à notre grille musicale. Puis, quand vient le talk en breton ou en gallo, les auditeurs et auditrices restent : c’est, en quelque sorte, du soft power. »

Un soft power qui s’exerce aussi sur le terrain : le monde de la langue bretonne étant assez petit, les brittophones se croisent et se reconnaissent. « On a une vraie proximité avec nos auditeurs et auditrices. Lors d’événements comme les festoù-noz, on les rencontre. Cela crée du lien, de l’engagement. »

Des financements incertains

Reste l’épineuse question des financements, véritable enjeu de pérennité : beaucoup de médias en langue bretonne sont indépendants. Or, le projet de loi de finances prévoit une baisse drastique du Fonds de soutien à l'expression radiophonique (FSER), une menace de disparition pour les radios associatives. Plus largement, la crise sociale, économique et politique fragilise (trop) les associations, en mal de subventions.